Location en meublé - Imposition dans la catégorie des BIC

 Nouveau !

Le Conseil constitutionnel a censuré, le 8 février 2018, la condition de l'article 151 septies du CGI (dans sa version en vigueur jusqu'en 2012) relative à l'inscription obligatoire au RCS qui était nécessaire pour que l'activité de loueur en meublé soit qualifiée de professionnelle. Cette décision de principe a une portée large et devrait amener le législateur à supprimer ce critère du régime actuel.
La loi de finances pour 2018 augmente fortement les plafonds permettant de bénéficier du régime micro-BIC, et ce dès l'imposition des revenus 2017.

 

La location en meublé consiste à louer des locaux (chambres ou appartements) meublés, directement habitables par le locataire.

Les revenus des locations en meublé, qu'elles soient réalisées à titre occasionnel ou non sont, depuis le 1er janvier 2017 imposables dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).

 Note

Jusqu'à l'imposition des revenus 2016, les revenus tirés de la location meublée occasionnelle, c'est-à-dire réalisée ponctuellement et pour une courte durée, étaient imposés dans la catégorie des revenus fonciers, et non pas dans celle des BIC.

L'imposition des revenus provenant de cette location dans la catégorie BIC présente certains avantages :

il est possible de bénéficier du régime du micro-BIC dans le cadre duquel les revenus sont taxés après application d'un abattement forfaitaire représentatif des charges de 50 % (71 % avant 2009 : la loi de finances pour 2009 a reclassé l'activité de location en meublé dans les prestations de service et non plus dans celle des ventes, sauf pour les locations de chambres d'hôtes ou de meublés de tourisme),

le loueur en meublé peut opter pour le régime du réel. S'il est considéré comme loueur professionnel (LMP), il a alors la possibilité de déduire ses déficits de son revenu global. Il peut aussi amortir le local ainsi que le mobilier le garnissant, si ces biens sont inscrits à l'actif du bilan. En revanche, si le loueur n'est pas considéré comme professionnel, l'imposition dans la catégorie des BIC présente l'inconvénient de ne pas pouvoir imputer de déficit sur le revenu global, alors que dans le cadre des revenus fonciers, le déficit est imputable sur le revenu global dans une certaine limite.

Pour les loueurs professionnels, l'immeuble loué en meublé échappe à l'IFI.

D'autre part, lorsque la location meublée est soumise à la TVA, il est possible de récupérer la TVA acquittée lors de l'acquisition de l'immeuble ou lors de travaux de rénovation.

Lorsque la location meublée d'un local d'habitation débute ou s'achève en cours d'année, les recettes y afférentes sont ramenées à 12 mois. L'ajustement prorata temporis est effectué en fonction du nombre de jours de location par rapport à 365.

 Distinction avec le para-hôtelier

Sont considérées comme des prestations de nature hôtelière ou para-hôtelière, non soumises au régime fiscal de la location meublée, les conventions d'hébergement qui, en raison des services fournis ou proposés, dépassent la simple jouissance du bien. C'est le cas lorsque l'exploitant fournit ou propose, en sus de l'hébergement, au moins 3 des prestations suivantes : petit-déjeuner, nettoyage régulier des locaux, fourniture de linge de maison ou réception, même non personnalisée, de la clientèle, dans des conditions similaires à celles proposées par les établissements d'hébergement à caractère hôtelier exploités de manière professionnelle.
En revanche, lorsque ces services sont fournis ou proposés de manière accessoire et dans des conditions non similaires aux établissements d'hébergement à caractère hôtelier, l'activité relève du régime fiscal de la location meublée (tel est le cas par exemple si le nettoyage des locaux est effectué uniquement à l'occasion du changement de locataire, si la réception se limite à la simple remise des clés ou si la fourniture de linge n'est pas régulière).

Loueur en meublé professionnel ou non ?

Le statut de loueur "professionnel" permet au bailleur d'imputer l'éventuel déficit tiré de la location en meublé sur son revenu global. Il peut également, sous certaines conditions, bénéficier d'une exonération d'IFI pour l'immeuble loué en meublé, alors considéré comme bien professionnel. Depuis le 1er janvier 2009, les conditions à remplir pour être qualifié de loueur professionnel ont été durcies.

Est considéré comme loueur en meublé professionnel (LMP), le loueur :

dont un membre du foyer est inscrit au registre du commerce et des sociétés (RCS) en qualité de loueur professionnel (en cas de location via une société, c'est la société qui doit être inscrite, non chacun des associés). Cette condition ne devrait plus être exigée très prochainement dans la mesure où elle a été censurée par le Conseil constitutionnel car impossible à remplir en pratique. En effet, les greffes refusent cette inscription du fait du caractère non commercial de l'activité, ce qui a conduit l'administration fiscale à admettre que la demande d'inscription au RCS était suffisante pour être reconnu comme professionnel. Bien que la censure du Conseil constitutionnel ne concerne qu'une ancienne disposition du CGI, depuis transférée dans un autre article, la solution est transposable aux critères actuels de qualification des loueurs professionnels et la loi devrait être mise en conformité avec cette décision de principe ;

qui tire de l'activité de location en meublé (apprécié au niveau du foyer) des recettes de 23 000 € au moins ;

dont les recettes doivent excéder les revenus du foyer fiscal soumis à l'impôt sur le revenu (net de charges et d'abattements) dans les catégories des traitements et salaires, des BIC autres que ceux tirés de l'activité de location meublée, des bénéfices agricoles et des BNC. Les revenus exonérés ne sont pas retenus et les déficits éventuels ne sont pris en compte qu'au titre de l'année au cours de laquelle ils sont réalisés à hauteur de leur montant imputable sur le revenu global (les déficits des années antérieures ne sont pas pris en compte).
A titre transitoire, des modalités particulières d'appréciation de cette dernière condition ont été mises en place pour les locations ayant commencé avant le 1er janvier 2009 ou portant sur un local d'habitation acquis ou réservé avant cette date afin d'éviter à certains loueurs professionnels de basculer brutalement dans la catégorie des loueurs non professionnels.
Les recettes afférentes à une location ayant commencé avant le 1er janvier 2009 ou portant sur un local d'habitation acquis ou réservé avant cette date sont comptées pour un montant quintuple de leur valeur, diminué de 2 cinquième de cette valeur par année écoulée depuis le début de la location, dans la limite de 10 années à compter du début de celle-ci.

Si l'une de ces 3 conditions n'est pas remplie, le loueur est considéré comme non professionnel.

 Note

Pour bénéficier de l'exonération d'IFI au titre des logements loués le loueur doit être inscrit au RCS, tirer de l'activité de location en meublé, un chiffre d'affaires annuel de 23 000 € minimum et au moins 50 % des revenus de son foyer.
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Revenus exonérés

Il existe 2 exonérations en cas de location d'une partie de la résidence principale :

Location à usage de résidence principale (y compris travailleurs saisonniers)

Le loueur en meublé est exonéré d'impôt sur le revenu au titre des produits de la location ou sous-location s'il respecte 3 conditions cumulatives :

les pièces louées font partie de son habitation principale,

ces pièces constituent pour le locataire son habitation principale ou, depuis le 1er janvier 2016, temporaire pour les locataires justifiant d'un contrat saisonnier,

le prix de location demeure fixé dans des limites raisonnables, établies pour 2018 à 185 €/m2 en Ile-de-France et 136 €/m2 dans les autres régions (ces montants étaient de 184 € et 135 € pour 2017).

Location occasionnelle

Le loueur mettant à la disposition du public de façon habituelle des pièces meublées de sa résidence principale mais n'en retirant qu'un revenu inférieur à 760 € par an, est exonéré, à ce titre, d'impôt sur le revenu. Cette exonération ne peut se cumuler avec les dispositions concernant le régime des micro-entreprises.

 Notes

- La doctrine administrative  semble réserver ce dernier cas d'exonération (dans la limite de 760 € par an) aux seules chambres d'hôtes, ce que ne précise pas la loi qui est bien plus large. .
- En cas de dépassement du plafond, les contribuables sont imposables sur la totalité des produits nets retirés de la location.

Ces exonérations peuvent se cumuler entre elles dans le cas d'une location à des lycéens ou des étudiants pendant l'année scolaire et à des vacanciers durant la période estivale.

 

 

Régime fiscal comparé avec les revenus fonciers

 

Revenus fonciers Location nue

Loueur en meublé non professionnel

Loueur en meublé professionnel

Imposition des revenus

- revenus < 15 000 € :
Micro-foncier : abattement forfaitaire de 30 % - Déclaration n° 2042 case 4BE - Option possible pour le régime réel
- revenus > 15 000 € :
Déduction des charges pour leur montant réel, et dans certains cas, déduction spécifiques - Déclaration n° 2044

- Revenus (1) < 70 000 € à compter de 2017 (2)  (170 000 € (2) pour les locations de chambres d'hôtes et les meublés de tourisme) :
Micro-BIC : abattement de 50 % sur les revenus imposables (71 % pour les locations de chambres d'hôtes et les meublés de tourisme)
Option possible pour le régime réel
Déclaration n° 2042 C PRO lignes 5KO à 5MO ou 5ND à 5PJ
- Revenus (1) > 70 000 € à compter de 2017 (2) (170 000 € (2) pour les locations de chambres d'hôtes et les meublés de tourisme) :
Imposition dans la catégorie des BIC en mode réel simplifié ou réel normal

Sort du déficit

- Micro-foncier : impossible de constater un déficit
- Réel :
imputable sur le revenu global à hauteur de 10 700 €, le surplus sur les revenus fonciers des 10 années suivantes

- Micro-BIC :
impossible de constater un déficit
- Réel normal ou
simplifié
:
imputables sur les revenus tirés de la location en meublé réalisés la même année ou les 10 années suivantes (cases 5GA à 5GJ de la déclaration n° 2042 C PRO)

- Micro-BIC :
impossible de constater un déficit
- Réel normal ou simplifié :
imputables sans limitation sur le revenu global

Amortissement du logement

Aucun

- Micro-BIC :
Amortissement compris dans la déduction forfaitaire de 50 % (ou 71 %)
- Réel normal ou simplifié :
Amortissement possible en cas d'inscription du logement à l'actif du bilan

IFI

Logement Imposable

Logement exonéré

Plus-value de cession du logement




Plus-values immobilières

- Exonération en deçà d'un certain chiffre d'affaires si l'activité est exercée depuis 5 ans au moins
- A défaut, imposition au titre des plus-values professionnelles

(1) Pour les exercices clos à compter du 31 décembre 2015, ces limites sont appréciées, non plus par rapport au chiffre d'affaires annuel de l'année en cours, mais par rapport au chiffre d'affaire annuel de l'année précédente (N-1).
(2) Depuis 2014, ces limites sont revalorisées tous les 3 ans dans la même proportion que l'évolution triennale de la limite supérieure de la 1ère tranche du barème (et non plus chaque année). Pour la 1ère revalorisation en 2017 ces seuils sont mis à jour selon des modalités particulières prévues par la loi Sapin 2.